Jacques Blondel, directeur de recherche émérite au CNRS, Montpellier, France
Ce qui fait sa marque de fabrique du néologisme « biodiversité », forgé en 1986 à l’occasion d’un forum sur la diversité biologique, et lui confère sa légitimité, c’est que son champ d’application ne concerne pas seulement les sciences biologiques, mais embrasse aussi une problématique explicitement anthropologique liée aux relations entre les humains et la nature. Relevant de plusieurs champs de la connaissance le concept soulève des questions épistémologiques et ontologiques. On verra que l’approche du concept relevant des sciences de la nature a pour objet de la décrire et de la connaître, celle de la philosophie de lui reconnaître ou lui attribuer des valeurs d’existence indépendamment de toute instrumentalisation, et celle des sciences sociales de réguler son appropriation et son partage par les humains. Toute réflexion sur la diversité biologique se doit donc de naviguer à la confluence de ces trois champs, ce qui n’est pas sans risques, en raison de la disparité des traditions culturelles des mondes scientifique, politique, médiatique.
Références
Barbault, R. et Chevassus-au-Louis, B. 2004. Biodiversité et Changements globaux. Enjeux de Société et défis pour la recherche. Paris, Ministère des Affaires Etrangères-ADPF.
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Blondel, J. 2012. L'Archipel de la Vie. Essai sur la diversité biologique et une éthique de sa pratique. Paris, Buchet-Chastel.
Hawksworth, D. L. 1995. Biodiversity - measurement and estimation. London, Chapman and Hall.
Mace, G. M., Norris, K. and Fitter, A. H. 2012. Biodiversity and ecosystem services: a multilayered relationship. Trends Ecol. Evol. 27(1), 19-26.
Millenium Ecosystem Assessment 2005. Ecosystems and Human Well-being: Synthesis. Washington DC, Island Press.
Wilson, E. O. 1992. The Diversity of Life, Allen Lane, The Penguin Press.